(4) La quatrième Périphérique s'est produite dans un contexte hivernal, dans l'espace d'une cour arrière rue Jeanne-Mance, à Montréal, le 7 février 2004.

Le public et les artistes ont nécessairement dû composer avec les conditions climatiques et les rapports de voisinage : fourgonnette enlisée dans une ruelle enneigée, 'glühwein' chaud sur glace, public aux pieds gelés sautillant sur place avec des 'lightsticks' rouges en fin de soirée... Le chien d'en face réagissant vivement aux fréquences sonores, oeil curieux des voisins observant depuis leurs fenêtres le déroulement des choses...

Karl Lemieux et Olivier Borzeix ont tout d'abord livré une improvisation bruitiste issue de projections filmiques impliquant un procédé de peinture sur pellicule. Les enregistrements de manipulations et altérations de la pellicule sur table de montage servaient de matériel sonore initial sur différents CDs, mixés et amplifiés en direct par Olivier, installé dehors sur le balcon arrière.

Àlain Farah suivait au micro avec une lecture de 'Marquetterie': amalgame issu de faits divers apparus dans le Libération du 16 septembre 2003, le dictionnaire médical de sa mère, le guide alimentaire canadien, un bulletin météomédia, un extrait de ses textes, le premier psaume dans la Bible et le dictionnaire étymologique de Jacqueline Picoche, format poche.

Patric Lacasse et Myriam Yates proposaient une intervention testant les limites de l'espace privé en intégrant une approche de 'vidéo-surveillance'. Transformant l'habitacle d'une fourgonnette stationnée dans la ruelle en cellule de réception et de diffusion d'images-vidéo filmées sur le vif , en zoom-in chez les demeures voisines, ils construisaient en direct un rapport de 'voisinage immédiat'. On entrait progressivement dans un espace narratif vidéo s'élaborant à partir de plans rapprochés de fenêtres éclairées dévoilant des univers domestiques, soumis au regard inquisiteur de la caméra, combinés à des séquences de films comme 'Rear Window ' et 'Blow out'.

Virginie Laganière et Jean-Maxime Dufresne sont entrés dans la cour par la ruelle, portant des magnétophones en bandoulière, distribuant une vingtaine de bâtons lumineux rouges (lightsticks) au public qui s’était déjà mis à danser sur place pour combattre le froid. Le contenu audio, diffus, des magnétos évoquait en préambule un certain climat d’urgence relié aux conditions hivernales et donnait le ton de la performance à suivre. Jouant d’ambiguïté avec les codes de rituels festifs ou de considérations sécuritaires par temps hivernal, une vidéo performance montrait une série de mises en situations suggérant des formes de repérage dans un territoire enneigé. Un espace sonore, construit parallèlement, traduisait un rapport psychogéographique aux conditions hivernales.

>>english